De « sabre pour tuer » le kenjutsu évolue vers le « sabre pour vivre » (katsujinken) par l’étude duquel le pratiquant forge sa personnalité. Afin de faciliter la pratique jusque-là limitée à des katas au sabre de bois (bokken) ou au sabre réel, Naganuma Shiro développe au début du XVIIIe siècle le sabre en bambou (shinaï) et différentes protections (bogu) afin d’autoriser des coupes réelles pendant les assauts. Parallèlement à l’amélioration du matériel qui prend la forme définitive que nous lui connaissons aujourd’hui peu avant la fin de l’ère Edo, le kenjutsu évolue vers sa forme moderne, le kendo.
« L’adversaire n’est pas un ennemi mais un partenaire indispensable au progrès. »
Le kendo est un art martial, d’origine japonaise, où deux pratiquants revêtus de protections (réplique simplifiée de l’armure des samouraïs) cherchent mutuellement à porter des coupes, au moyen d’un sabre de bambou (shinaï) manié à deux mains.
Les règles strictes de cet art sont là pour garantir que, en combat réel, la coupe aurait été efficace, même au travers d’une armure. Au kendo, la précision de la coupe sur l’armure de l’adversaire, la coordination entre l’impact, le placement du corps et le kiai (cri) sont des éléments clés pour que l’attaque soit considérée comme décisive.
La notion fondamentale du kendō est le ki ken tai no itchi (気剣体の一致, l’esprit, le sabre et le corps en un) ou Kikentai itchi, autrement dit l’unité entre :
Le kendo se pratique dans un dojo : une salle équipée d’un plancher ou dans des gymnases.
Le kendo peut être pratiqué sans limite d’âge et sans danger. Il n’existe pas de catégorie de poids et les pratiquants ne portent aucun signe extérieur de leur grade.
Le kendo n’est pas qu’une discipline physique. Sa pratique requiert la maîtrise de kata (combats codifiés), et de l’étiquette s’appliquant au dojo. Le kendo est un art qui exige une discipline de l’esprit.
Les katas (aussi appelés kendo no kata ou nihon kendo kata) sont une synthèse de différentes écoles anciennes.
Créés en 1912 par un comité d’experts ils se composent de dix séquences codifiées de combat entre deux partenaires, sept avec le bokken (sabre long) et trois avec un kodachi (sabre court) pour le shidachi.
L’accent est mis sur la qualité et l’authenticité de l’exécution, sous une forme entièrement codifiée (y compris les saluts). Pour chaque kata, on trouve un maître (uchidachi) et un élève (shidachi). L’objectif du kata n’est pas la victoire mais plutôt l’exécution fluide sans faille des techniques. Pour cette raison, les katas sont très utiles pour se perfectionner dans l’exécution des différentes techniques.
À travers sa pratique et l’entraînement en salle se dégage sa philosophie réelle : la recherche d’une harmonie entre soi et l’adversaire, recherche de l’équilibre, de la plénitude et de la maîtrise de soi, dans un esprit de paix et de respect.
Le shinai / shinaï (竹刀) est un sabre composé de quatre lattes de bambous attachées entre elles. Le shinai représente le katana et à ce titre est censé posséder un tranchant : la partie opposée au fil (tsuru) qui maintient l’assemblage du shinai. Les coups valables doivent être portés avec ce tranchant correctement orienté (notion de hasuji. La longueur et le poids du shinai varient avec la catégorie du pratiquant. Dans la pratique à deux sabres (nito) le combattant utilise deux shinais de longueur différente. Il existe également des shinais en matériaux composites (fibre de carbone). Le shinai doit être, dans un souci de prévention des accidents, correctement entretenu. Pour cela il doit être inspecté avant chaque utilisation et si besoin est, démonté afin de poncer ou de changer une lame abîmée.
Le bokuto (木刀) ou bokken (木剣) est une version en bois du katana. D’aspect, il est plus proche de ce dernier que le shinai. Il était autrefois utilisé pour l’entraînement, mais il a aujourd’hui été remplacé par le shinai. Le bokuto reste toutefois employé pour l’exécution des katas.
Le katana (刀) est le sabre qu’utilisaient les samouraïs. Aujourd’hui, leur fabrication est réglementée par le gouvernement japonais en termes de qualité et de quantité. Ceux-ci ne sont aujourd’hui utilisés que pour le iaidô. Pour les katas de kendo on utilise parfois, lors des démonstrations, des sabres équipés des lames factices non tranchantes appelés habiki.
Le Kendo-gu (encore appelé bogu) est l’armure protégeant principalement les parties du corps visées et limitant ainsi, tout comme le shinai, les risques de blessures lors de l’entraînement ou des combats. Il se compose des éléments suivants :
Men
masque pourvu d’une grille métallique couvrant le visage et la tête, les épaules et la gorge.
Kote
gants protégeant les poignets et une partie des avant-bras.
Do
plastron protégeant le ventre au niveau des côtes et qui remonte jusqu’à la poitrine.
Tare
protection couvrant le bas-ventre et le haut des cuisses.
Les vêtements traditionnels sont le hakama (pantalon jupe) et le keiko-gi (veste). Keikogi est un mot japonais signifiant littéralement « vêtement d’entraînement ». On parle parfois de dogi, « vêtement de pratique de la voie ». Le hakama est un pantalon large plissé (sept plis, cinq devant et deux derrière), muni d’un dosseret rigide (koshi ita). Il était traditionnellement porté par les nobles du Japon médiéval, et notamment les samouraïs. Les sept plis représentent les sept vertus que doit posséder le samouraï : jin (bienveillance, générosité), gi (honneur, justice), rei (courtoisie, étiquette), chi (sagesse, intelligence), shin (sincérité), chu (loyauté) et ko (piété).
En kendo le grade du pratiquant n’apparaît pas sur ses vêtements. En revanche le nom du pratiquant, ainsi que son dojo ou club d’appartenance, sa ville ou région ou pays sont inscrits sur le Zekken qui se porte sur le tare. Cette identification est retirée lors des passages de grades.